Comme tous les 15 août, la Ferme aux mille lumières présente des expositions sur le thème des grands saints de l’Église catholique.
Cette année, à l’occasion du centenaire de la canonisation de sainte Jeanne d’Arc (1920-2020), trois scènes ont été réalisées : la petite bergère, contre l’ennemi, le bûcher.
Sainte Jeanne, la petite bergère
Jeanne est née à Domremy et a été baptisée dans l’église de Saint-Remy. Son père s’appelait Jacques d’Arc et sa mère Isabelette ; c’étaient de bons et fidèles catholiques et de bons laboureurs, de bonne réputation et d’honnête conversation.
En son premier âge, elle était bien et convenablement élevée dans la foi et les bonnes mœurs, et telle que presque tous les habitants de Domremy l’aimaient ; et Jeannette connaissait sa croyance, le Notre Père, l’Ave Maria, comme le savent les fillettes de son âge. Quand elle entendait sonner la messe et qu’elle était aux champs, elle s’en venait à la ville et à l’église pour entendre la messe.
Dans sa jeunesse et jusqu’au moment où elle a quitté la maison de son père, elle allait à la charrue et gardait parfois les animaux aux champs, et faisait les ouvrages de femme, filer et tout le reste. Elle travaillait volontiers, veillait à la nourriture des bêtes, s’occupait volontiers des animaux de la maison de son père, filait et faisait les travaux de la maison.
Jeanne était bonne, simple, douce fille, de bonne conduite. Elle allait volontiers à l’église, car, presque chaque samedi après-midi, avec sa sœur et d’autres femmes, elle allait à l’ermitage de Notre-Dame de Bermont et portait des cierges ; elle était très dévote envers Dieu et la bienheureuse Vierge.
J’ai entendu dire par messire Guillaume Front, autrefois curé de la paroisse, que Jeanne était bonne catholique, qu’il n’en avait jamais vu meilleure et n’avait meilleure en sa paroisse.
D’après Régine Pernoud, Jeanne d’Arc par elle-même et par ses témoins.
Sainte Jeanne contre l’ennemi
Jeanne : « Quand j’eus l’âge de treize ans, j’ai eu une voix de Dieu pour m’aider à me gouverner. La voix m’était envoyée de par Dieu et, après que j’aie entendu trois fois cette voix, j’ai connu que c’était la voix d’un ange. Cette voix m’a toujours bien gardée et je l’ai toujours bien comprise. Elle me disait que j’irais en France et je ne pouvais durer où j’étais, que je lèverais le siège mis devant la cité d’Orléans. La voix m’a dit aussi que je m’en aille à Robert de Baudricourt dans la forteresse de Vaucouleurs, qu’il me donne des gens pour aller avec moi. Et moi, je lui ai répondu que j’étais une pauvre fille qui ne savait chevaucher ni conduire la guerre. »
Quand Jeanne la Pucelle fut parvenue à Vaucouleurs, Catherine Le Royer lui dit : « Ma mie, que faites-vous ici ? Ne faut-il pas que le roi soit jeté hors du royaume et que nous soyons Anglais ? » Et la Pucelle répondit : « Je suis venue ici pour parler à Robert de Baudricourt pour qu’il veuille me conduire au roi, mais il ne fait pas attention à mes paroles. Et pourtant, avant que ce soit mi-carême, il faut que je sois auprès du roi, dussé-je m’y user les pieds jusqu’aux genoux. Il n’y a, en effet, personne au monde, ni roi, ni du duc, ni fille du roi d’Écosse, ou autre qui puisse recouvrir le royaume de France. Et il n’aura secours si ce n’est de moi. Bien que j’eusse bien préféré rester à filer auprès de ma pauvre mère, car ce n’est pas mon état, mais il faut que j’aille et que je fasse cela, car mon Seigneur veut que j’agisse ainsi. »
Lorsqu’ils revinrent, des habitants de la ville lui firent faire une tunique, des chausses, des houseaux, des éperons, une épée et autres choses semblables, et lui achetèrent un cheval, et Jean de Metz, Bertrand de Poulengy, Colet de Vienne avec trois autres, la conduisirent au lieu où était le dauphin. Je les ai vus monter à cheval pour s’en aller
D’après Régine Pernoud, Jeanne d’Arc par elle-même et par ses témoins.
Sainte Jeanne au bûcher
« Quand elle fut délaissée par l’Église, j’étais encore avec elle et, avec grande dévotion, elle demanda à avoir la croix. Entendant cela, un Anglais qui était présent en fit une petite en bois du bout d’un bâton qu’il lui donna et dévotement elle la reçut et baisa en faisant pieuses lamentations à Dieu notre rédempteur qui avait souffert en la croix pour notre rédemption.
« Et elle demanda humblement que je lui fisse avoir la croix de l’église afin que continuellement elle la pût voir jusqu’à la mort. Et je le fis tant que le clerc de la paroisse Saint-Sauveur la lui apporta. Laquelle apportée, elle l’embrassa fort étroitement et longuement et la détint jusqu’à ce qu’elle fût liée à l’attache. »
Jean Massieu, cité par Régine Pernoud dans Jeanne d’Arc par elle-même et par ses témoins.
Le jour où Jeanne fut brûlée, le bois était préparé pour la brûler avant que le sermon soit fini et que la sentence ait été prononcée. Et aussitôt la sentence portée par l’évêque, sans aucun délai, elle fut conduite vers le feu, et je n’ai pas vu qu’il y ait eu aucune sentence portée par le juge laïque. Mais elle fut immédiatement conduite au feu.
Une fois dans le feu, elle cria plus de six fois : “Jésus” et surtout en son dernier souffle, elle cria d’une voix forte “Jésus !” au point que tous les assistants purent l’entendre. Presque tous pleuraient de pitié et j’ai entendu dire que les cendres, après sa combustion, furent rassemblées et jetées dans la Seine.
D’après Régine Pernoud, Jeanne d’Arc par elle-même et par ses témoins.
Sainte Jeanne d’Arc a été canonisée 500 ans après sa mort. C’est le pape Benoît XV qui éleva Jeanne d’Arc au rang de sainte, le 17 mai 1920.