Jeudi-Saint – La Cène et l’institution de l’Eucharistie

3. Querelle d’amour-propre entre les Apôtres

On admet assez généralement que c’est vers le début du repas, et à propos du placement à table, que se produisit, entre les apôtres, une contestation d’amour-propre qui n’est racontée que par saint Luc, et que nous avons le droit de trouver doublement inopportune en un tel moment. Ils se demandaient, non sans jalousie et sans aigreur, quel était le plus grand d’entre eux. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’ils se montraient chatouilleux sur le point d’honneur. À plusieurs reprises, les écrivains sacrés nous ont mis sous les yeux, avec une parfaite candeur, des scènes du même genre, mais qui paraissaient moins odieuses qu’à l’occasion de ce dernier repas. Le Sauveur mit promptement fin à cette triste querelle, en rappelant aux Douze, une fois de plus, l’idéal de la vraie grandeur chrétienne, dont ils s’écartaient si étrangement alors.

a. Jésus corrige ses Apôtres

Les rois des nations leur commandent en maîtres, et ceux qui ont l’autorité sur elles sont appelés leurs bienfaiteurs. Qu’il n’en soit pas ainsi de vous ; mais que celui qui est le plus grand parmi vous devienne le plus petit, et celui qui gouverne, comme celui qui sert. Car, lequel est le plus grand ? celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.

En réprimant jadis l’ambition des fils de Zébédée, Jésus avait déjà établi ce même contraste, entre l’humilité que doivent pratiquer les chefs de son Église et l’orgueil des rois païens, qui exerçaient une rude domination sur leurs sujets, et qui se faisaient attribuer quand même par eux des titres élogieux, tels qu’« Evergète », « Père de la patrie », etc. L’Église chrétienne aura son aristocratie, sa hiérarchie ; mais ce sera une aristocratie d’humble et généreux dévouement. Pour donner plus de force à sa recommandation, Jésus cite un fait d’expérience emprunté directement à la situation. De deux hommes, dont l’un est mollement étendu sur un divan, en face d’une table bien garnie, tandis que l’autre, débout, sert le premier, lequel est le supérieur ? Personne ne saurait s’y méprendre ! Et pourtant, continue Notre-Seigneur, résumant toutes les relations qu’il avait eues avec ses apôtres, depuis qu’il se les était associés, il s’était fait toujours et partout leur serviteur. Il leur donne donc son exemple à imiter.

Mais, ne voulant pas les laisser sous le coup d’un reproche, il acheva sa petite allocution par un éloge plein de tendresse.

b. Jésus encourage ses Apôtres

Vous, vous êtes demeurés avec moi dans mes tentations ; et moi, je vous prépare le royaume, comme mon Père me l’a préparé, afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume, et que vous soyez assis sur des trônes, jugeant les douze tribus d’Israël.

C’était vrai. Malgré leurs défauts, les apôtres étaient demeurés pour leur Maître des amis loyaux et fidèles. Ils avaient partagé vaillamment ses « tentations », c’est-à-dire ses nombreuses épreuves, les persécutions, les outrages que ses adversaires lui avaient fait subir sous bien des formes. Pour cela, ils n’avaient pas craint de s’exposer eux-mêmes au mépris et à l’hostilité de leurs compatriotes. Avec quelle bonté délicate Jésus, pour leur témoigner sa reconnaissance, leur promet, comme un héritage très sûr, bonheur et gloire à tout jamais dans son royaume céleste ! Et c’est la veille de sa mort ignominieuse qu’il fait ces magnifiques promesses, qu’il distribue des trônes et des couronnes !

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